Reconnaître ses habiletés et ses possibilités
Dans un trajet comme celui du récit de vie émotionnel, il est important de favoriser tout ce qui permet à la personne de reconnaître ses habiletés, ses possibilités. Pour cela, accorder de l’importance à ce qui fonctionne déjà est un précepte qui me sert tout au long de ma relation professionnelle avec un client. Pour coopérer avec la personne, il s’agit de faire de l’accompagnement, de permettre à chacun de créer « ses mouvements », « ses occasions ». L'approche narrative doit répondre aux besoins du participant.
Dans un trajet comme celui du récit de vie émotionnel, il est important de favoriser tout ce qui permet à la personne de reconnaître ses habiletés, ses possibilités. Pour cela, accorder de l’importance à ce qui fonctionne déjà est un précepte qui me sert tout au long de ma relation professionnelle avec un client. Pour coopérer avec la personne, il s’agit de faire de l’accompagnement, de permettre à chacun de créer « ses mouvements », « ses occasions ». L'approche narrative doit répondre aux besoins du participant.
La « carte du monde » a ses clés de
compréhension
Comme une
personne est beaucoup plus complexe qu’une simple « carte du monde »,
le langage est la clé, autant dans la compréhension du fonctionnement de
l’autre que dans la création d’une intervention créative qui peut devenir un outil qui l'invite au changement.
Le concept
de soi ou l’image de soi
David, 46
ans, le cinquième d'une famille de six enfants, emporte avec lui la façon dont
il se perçoit. Ce sentiment émane de l’affectif lié aux premières années de son enfance. On nomme ceci le concept de soi ou l’image de soi. La
sensibilité liée aux caractéristiques de l’environnement de l’enfance constitue
le trajet du processus identitaire.
Témoignage de David
« Puis,
à un moment donné, une de mes sœurs…je lui avais donné un coup de pied…je me
souviens plus pantoute…elle m’a pas parlé pendant trois ans. Ça ne me dérangeait pas…puis une fois…y
avait un devoir que je ne savais pas faire. « Marie, peux-tu m’aider?
« Débrouille-toi ». Elle m’a envoyé paître…longtemps… Plus tard…elle avait recommencé à me parler…on
était quasiment devenus des adultes…elle était une jeune femme…elle raconte
ça…« Une fois, tu m’as donné un coup de pied…je t’ai pas parlé pendant
trois ans…c’était ma façon de te punir…Tu te souviens-tu de ça, David? »
La famille comme un refuge
Si la
famille reste une préoccupation dominante en même temps qu’une sorte de refuge
quand on en a besoin, celle de David se transforme sous ses yeux en endroit où
il disparaît. Selon ce que je comprends, la famille de David ne lui
procure pas de repères identitaires bien structurants.
Un
projet de naissance
Un jour, David me fait part du « projet
de naissance » qu’il a été. Selon sa sœur Ghislaine, il fut reçu
« comme un cadeau » par sa mère. Suite à cette confidence, je lui
parle de son aptitude à l’intimité en lui disant qu’elle se façonne dès la vie
fœtale. En lui faisant remarquer qu’il pourrait se vivre comme une personne
digne de l’amour d’autrui, je lui demande ce que ça lui fait comme effet de
s’en rappeler maintenant que sa mère est décédée. Pensant qu’à rebours cela
pouvait lui faire voir son histoire différemment, je suis quelque peu surprise
de l’entendre me dire qu’il n’en aurait rien su si Jean-Pierre, le cadet de la
famille, le confident de sa mère ne lui en avait parlé. Il trouve
incompréhensible le comportement de sa mère si les paroles de sa sœur sont
véridiques.
David a cessé de se confier à sa mère à l’âge de douze ans quand il lui a présenté un poème pour la fête des mères et qu’elle l’a ridiculisé devant toute la famille.
« Une
fois, à l’école, j’avais écrit un poème à la fête des mères sur qu’est-ce que
j’allais devenir plus tard. J’avais écrit : « Je veux devenir un
grand peintre…je veux exprimer l’espérance. Je montre ça à ma mère, pis, elle a
tellement ri, elle a tellement ri… Ma sœur Ghislaine…elle
dit : « C’est quoi, cette feuille-là? »…J’ai dit :
« C’est rien pantoute». Je déchire la feuille…je la crisse au poubelle…
Là, c’est fini…m’man…t’auras plus rien, jamais… ».
Dans l’histoire de David, le silence des
parents est une violence plus grande encore que les chicanes et les fessées
données par le père, «un vrai
fou » selon David.
« La
fois du vol…J’étais avec ma sœur et des amis. J’avais 8 ans peut-être…on est
allé au…on a volé toutes sortes de niaiseries…une petite chauve-souris en
plastique…plein d’affaires de même. On a mis ça dans une boîte de chaussure. Ma
mère tombe sur la boîte de chaussures. « Qu’est-ce que c’est ça »?
« Qu’est-ce qu’on lui a conté? On avait trouvé ça dans la rue…on l’a
ramassé. Après ça, ça a été plus fort que moi…tant pis…si je suis stool…je suis
allé le dire à maman…j’aurais pas dû lui dire.
Elle nous
parlait plus du tout. Comme de fait, y avait l’émission de Janette
Bertrand : « Quelle famille! ». Cette fin de semaine-là, on
écoute…pis les enfants ont volé quelque chose…pis les parents…c’est la crise.
Je me sentais-tu mal? Comme ma mère…On avait plus besoin d’en parler…On en a
plus jamais parlé.
Y a
tellement de choses qui n’ont jamais été dites chez nous. Ma mère, elle aurait
pu poigner les nerfs, puis dire : « Vous allez reporter tout ça au
magasin ». Y avait rien…horrible …que le silence. Je pense que c’est pour
ça aujourd’hui…de ne pas savoir…T’sé…on en avait parlé l’autre semaine…c’est
tellement fatigant…là, je ne savais rien. « Qu’est-ce qui se passe dans la
tête de ma mère? Je suppose qu’elle est en tabernacle…Ça va pas bien…mais y
arrive rien…Y arrive jamais rien. J’ai la chienne…on sait jamais…quand papa va
exploser. Ça fait trois jours qu’on a dit ça… y a pas explosé encore. Y explose
pas ».
La qualité
de son image de soi, renvoyée par autrui, tout autant que des modes relationnels établis avec l’environnement familial pour tenter de s’y insérer
affectivement au mieux, va structurer le caractère de David et éventuellement
ses troubles affectifs. Sa santé brimée lui vaudra bien des sobriquets dans sa
famille d'origine; il en est blessé.
« ...Je
coure tout le temps. J’ai
une poignée dans le dos, ça, c’est sûr…c’est nerveux. Des fois, je suis
tellement bien…En gang, timide…en même temps…là, on fait des courses, c’est
toujours moi qui gagne. Je vois des situations… Je me sens …d’une énergie…je
suis débordant…en même temps, je suis très, très nerveux, j’ai peur de
déranger du monde…mettons, du monde que je connais…j’ai peur de déranger…mes
parents…que je ne comprends pas…
C’est facile
d’être heureux, mais je peux juste l’être tout seul et ça je trouve ça plate…
Je suis plein de vie…la course m’aide beaucoup à satisfaire ça. Me promener
dans les champs…exubérance…je me situe. Aussitôt qu’y a du monde, je me sens
mal, parce que je sais plus si je dérange… Quand j’ai du fun, il me semble que
je suis tout le temps tout seul…c’est difficile…dans un contexte
précis…j’espère que personne va me parler… C’est le seul temps où je suis
tranquille. Je ne sens pas qu’y a du vrai bonheur quand je suis petit… »..
Le sentiment identitaire à la base de la
différentiation avec les autres
La
permanence, la différentiation, la reconnaissance sont les composantes de base
actives dans le sentiment identitaire et à partir duquel va s’opérer la
perception de soi par soi. Or, pour David, celle-ci est traversée par deux sortes
de jugements, soit le jugement interne de David dans sa peur de déranger, soit
le jugement externe provenant d’autrui à l’effet qu’il dérange effectivement.
Rechercher un sentiment d’appartenance
David, de
son propre aveu, est un homme qui aime les petites provocations pour se faire
reconnaître comme « différent ». Cette double appréciation
interne/externe différencie l’identité personnelle de l’identité sociale pour
donner lieu à un sentiment d’appartenance. L’identité octroyée se concrétise
dans la reconnaissance délivrée par la société, ce que David cherche à travers
sa demande d’être « crédible » aux yeux des autres. Ce sera une
demande que j’entendrai souvent au cours des semaines.
« Me crois-tu? As-tu confiance que je
vais faire ce que je dis que je veux faire? »
Le principe du préjugé favorable
Le récit de
David en est un où ce qui a prévalu a été la primauté de la personne (Corin, E,
Bibeau, Martin et Laplante, 1990), favorisant un cheminement personnel basé sur
principe du préjugé favorable envers la personne, principe qui se distingue du
concept du meilleur intérêt.
Le dialogue,
conçu comme un contexte de par la présence d’au moins lui et moi, intègre la
confiance, la fiabilité, un rapport clair et sain qui représente un pivot
capital dans notre rapport pour que son « récit » soit un succès pour
lui. En le respectant comme personne, en allant à son rythme, en
ponctuant les rencontres de rituels qui à la longue ont été aussi importants
pour moi que pour lui, la démarche lui donne une identité narrative, ce qu’il
dit avoir beaucoup aimé. Il est devenu important à ses yeux de « se dire », il aime s’entendre se dire également.
Je comprends
très tôt dans nos rencontres que son mode relationnel est de puiser la
certitude d’exister dans le regard et les attitudes des autres. À partir de la
qualité de l’image de soi que je lui renvoie, tout comme des modes relationnels
établis avec son environnement privilégié, il tente de s’insérer affectivement,
parfois en provoquant mais surtout en affrontant courageusement sa solitude
sans la laisser se transformer en angoisse névrotique. Il a des liens forts
avec une personne, une femme qu’il a rencontrée dans un
événement particulier. David est un participant sensible et
touchant. Il est attachant et sa candeur est rafraîchissante.
Aller de l’implicite
à l’explicite
Le discours lyrique de David revient souvent à un symbole
de « jeu de billes ». Pour aller de
l’implicite à l’explicite, c’est le symbole qui démontre sa capacité d’agir sur
sa vie au quotidien. Il est
important pour lui de confronter sa peur de l’inconnu (phobie sociale) et
d’entrer en dialogue avec elle par l’agir en l’entreprenant « comme une
mission ». Pour lui, c’est la même chose pour la dépression,
l’accablement et la tristesse. C’est une stratégie qui lui ouvre la porte
à des possibilités intéressantes.
« Pour
ceux qui me liront, j’aimerais commencer mon récit en livrant le message
suivant : Quoiqu’on ait à faire, qu’on le fasse. On sait tous ce qu’on
devrait faire et qu’est ce qui pourrait améliorer le sort de notre vie. On sait
tout ça mais on ne le fait pas. On sait, que ce matin, je devrais appeler telle
ou telle personne ou poster telle lettre. On a souvent peur de déranger aussi.
Mais quand on a affaire avec des professionnels, il faut se dire qu’on ne le
dérangera pas. Ils sont payés pour leur travail. Alors on y va, on y va les
déranger, c’est ça leur job de se faire déranger. Le monde a pas l’air de catcher
ça. Quand tu vas faire réparer ton auto, as-tu peur de déranger le garagiste?
C’est ça qu’il a à faire de réparer des autos ». « Donc, si vous avez
à poster une lettre, contester une décision, chercher un médecin pour qu’il
signe un formulaire, faites-le parce que le pire qui peut arriver c’est de
recevoir un non. Ce qui au fond n’a rien de dramatique ». «En ne
faisant rien, en ayant peur du refus, du rejet, de tout et de rien, on ne va
pas dans le sens de la vie. Et en prime, nous demeurons sans cesse dans le
doute. Et si jamais ça avait marché! »
« Si on
va jusqu’au bout, et que là rien ne fonctionne, au moins on sera fixé. Et ce
doute sera dissipé. On peut avoir une certaine satisfaction d’avoir tout
vérifié de ses propres yeux. Vous savez, je dirais que si je n’avais pas bougé,
je serais encore dans la merde aujourd’hui. Allez demander de l’aide. Il y a
plein de ressources pour vous aider ».
Lui-même a
un jour appelé un éminent personnage pour faire entendre sa détresse. À partir
de ce jour, la plupart des intervenants qui l’ont appris, l’ont pris
plus au sérieux quand il appelait pour aller en
psychiatrie dans ses crises d’angoisse. Au moment de son récit de vie
émotionnel, cela faisait neuf mois qu’il n’y était pas allé.
Croire le client est un geste choisi
Pour tenter
d’améliorer le sort de la vie de toute personne, il faut qu’il ait le sentiment
d’en être digne, non seulement à ses yeux, mais aux yeux d’autrui. Croire le
client est important : ce n’est pas la vérité vraie que nous devons
rechercher, c’est plutôt d’acheter « la parole qu’il est ». Cela lui redonne sa dignité.
Message de Lorraine
Loranger
Dans une
société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent
mieux le présent dans toute sa capacité. Ma pratique propose plusieurs ateliers
pour la gestion de stress: apprivoiser le récit de vie, la communication
non-verbale et prochainement la relaxation sensorielle avec 16 thèmes
différents sont parmi les plus utiles. Des conférences sur la gestion
de stress sont
disponibles sur demande.
Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.
Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir pour prendre en charge votre destinée.
Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en transférant ce communiqué à vos contacts intéressés.
Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.
Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir pour prendre en charge votre destinée.
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