mercredi 4 avril 2012

L'abandon affectif et la solitude

L'histoire de Marie-Annick
L'histoire de Marie-Annick illustre l'horreur qui sévit dans la tête d'une petite qui a vécu la perte de son innocence. Marie-Annick est issue d’une famille bien. Ses parents ont à cœur le bien-être de leurs trois enfants. Des parents avec de belles valeurs qui s’impliquent dans leur communauté et qui sont à l’avant-garde sur le plan des changements écologiques. La famille est source d’entraide et d’encouragements constants même dans la vie de leurs enfants adultes, ce qui est fort louable.

                                     
                                          abandon affectif


Participante aux ateliers de "focusing" et "Le livre de ma vie"
Lorsque je rencontre Marie-Annick dans un groupe de « focusing» et par la suite dans un groupe en atelier autobiographique, je découvre une jeune femme sensible qui s’intègre facilement au sein d'étrangers, également en cheminement. Elle est fonctionnelle dans le domaine du travail. Mais elle se sent déconnectée de son corps, donc, de ses émotions: elle a de la difficulté à les nommer.

Déconnectée de son corps
L’histoire de Marie-Annick inclut des agressions sexuelles fréquentes, avec brutalité, de la part d’un voisin. Au dire de tous, personne n’a rien vu, ni rien su. Marie-Annick est amnésique, elle a occulté ces événements. Elle a refoulé ses souffrances au plus profond d'elle-même. Marie-Annick n'a pas parlé de ces événements. 

Le lien d'attachement est en jeu
La question se pose : qu'est-ce qui a pu empêcher l’enfant d’une telle famille de confier une telle souffrance? L'enfant qu'elle fut ne peut dire ce qu'elle traverse, elle remise tout au fond d'elle. Cela a nécessairement changé le cours de la vie de Marie-Annick.

La souffrance dévoilée
De telles souffrances sont vécues comme des raz-de-marée ou des tremblements de terre pouvant écraser l’individu pendant une longue période. La souffrance, due à une blessure ancienne, est dévoilée, parce que réactivée par les événements du présent qui sont aussi perçus comme douloureux.

Les conséquences de la solitude vécue 
Bien des souffrances, nourries à cause du désordre intérieur, d'une façon d’aimer sans repères, dans des relations mal situées, les blocages sont des conséquences de la solitude vécue et des voies empruntées, par la suite, parfois à tort, pour éviter de déplaire aux autres ou encore, pour acheter leur amour.

Mettre en mots et en pleurs
Mettre en mots et en pleurs ces sentiments permet de comprendre les raisons pour lesquelles l’individu entretient des revendications. En mettant à nu la blessure, en regardant vraiment ce qui s’est passé, il va être possible de laisser aller peu à peu la souffrance et de découvrir le chemin de la libération pour s’affranchir. Redonner à l’autre la blessure pour s’en départir permet de reprendre son pouvoir afin de recommencer à s’affirmer.

Les souffrances entraînent des états dépressifs
Dans bien des cas, des souffrances, jamais mises à jour, entraînent des états dépressifs, une tristesse latente, un sentiment d’accablement, un non-désir de vivre. Pour s'en libérer, il s’avérera nécessaire de vider la plaie. Sans être suicidaire, une personne peut ne pas tenir à la vie. Ces souffrances pèsent lourdement et demeurent profondément destructrices. Mises à jour, en mots et en pleurs, pour les exprimer, la libération est en marche.

La solitude maintient les peurs en place
Joug d’oppression, la solitude crée beaucoup de peurs. Poser l’acte intérieur pour se rassurer que ses forces sont toujours là pour les confronter apparaît risqué. En reprenant contact avec ce qu'elle ressent intérieurement, elle recouvre sa sécurité intérieure. Marie-Annick a pu s’ancrer dans la certitude d’une issue de vie et choisir de continuer à vivre, coûte que coûte. En ouvrant son cœur à une présence thérapeutique soutenante, elle n'est plus seule pour sortir de la confusion.

« Je sens que ce n’est pas juste de la peine. Je n’ai pas de voix. Il n’avait pas le droit de me faire ça. Il n’avait pas le droit. »

« Je sens que je ne suis plus dans mon corps…je sens beaucoup de chaleur, j’ai l’impression d’avoir mon pyjama orange…je n’ai pas de mains, pas de chevilles, pas de pieds. Mais c’est chaud. Plutôt que d’être dans tout mon corps, dans ma cage thoracique…j’ai l’oreille qui cille…dans ma tête…ma voix est celle d’une petite fille :« Admettons que je le dise…si je le dis…un coup que je le dis…Qu’est-ce qui se passe après?

« Tout ce que je vois, c’est l’image d’..... Je le sens dans mon corps, que je peux pas être rebelle! Je me sens sans défense, j’ai pas de langue pour parler : avec tout ça qui bouille en dedans. Comme si on avait coupé ma langue et mes deux bras! Il n’y a aucun moyen de me défendre, de m’expliquer, de me justifier. J’ai l’impression d’être renfoncée dans le matelas. Je sens en dedans…un cri de mort. C’est insupportable. Ça me fait peur…vais-je éclater? Exploser?…M’anéantir? Un cri de mort. En dedans, je suis crispée…ça shake, c’est crispé au maximum. Je crie dans ma tête pendant que la tempête passe. J’ai l’impression que ça n’a pas de fin".

L'abandon affectif des parents n'est pas toujours intentionnel
Que dire...tout est là; dans ce drame...on lit la crainte de "dire", l'extrême solitude derrière les mots. L'abandon affectif des parents n'est pas intentionnel. Cela doit rester secret et c'est la raison pour laquelle l'enfant n'a pas reçu ce dont elle aurait eu besoin de ceux qui auraient pu l'aider à se construire après les événements.

L'isolement rend vulnérable
Elle aurait pu sombrer, les conséquences pouvant être multiples. Comment un enfant peut-il se construire une image intègre de soi quand l'innocence de l'enfance lui a été ravie? Dans l'impossibilité de dévoiler, par peur d'être punie, abandonnée, rejetée, il n'y a que l'oubli total, le refoulement, qui puisse se manifester pour l'épargner du risque de perdre les relations qui lui tiennent à coeur. Dans le silence pernicieux, l'isolement rend vulnérable; l'impuissance rend fragile et la liberté d'être est d'autant plus infranchissable car la honte teinte l'individu. L'angoisse, devant tant de sentiments d'ambivalence, est intolérable.

L'occultation, la dissociation sont salvatrices
L'occultation, la dissociation sont salvatrices, dans un sens, mais, le corps sait. Il n'oublie pas, lui. Lors d'un rapprochement, il y a perte de contrôle ou trop de contrôle. Les dérapages du corps ne permettent aucun relâchement. C'est le prix à payer que ne ne jamais pouvoir s'abandonner au plaisir, à la volupté, à l'intimité.

Marie-Annick a écouté son corps parler de son drame, elle a ensuite pris le temps qu'il lui fallait pour se reconstruire.

La santé émotionnelle s'améliore
En thérapie du tunnel, la prise de conscience a lieu quand un phénomène inconscient, devenu conscient, est « pris en charge », en s’intégrant au MOI pour renforcer l’individu. Quand l’individu met à jour ses conflits intérieurs en thérapie du tunnel au lieu de les nier ou de les refouler…ou de les répéter sans le savoir, d’importants fragments de personnalité sont récupérés et la santé émotionnelle en bénéficie. Évacuer la charge somatique permet à l’état de stress qui était actif dans le système nerveux de se dissoudre. De plus, la prise de conscience réussie conduit l’individu vers de nouvelles actions, vers de nouvelles libertés. 

(1) Le focusing (ou centrage sur soi) est une approche corporelle de psychothérapie créée par l'Américain Eugene Gendlin au début des années 1970. Il se caractérise par une attitude d'attention au « senti », c'est-à-dire à ce qui se passe « en soi » : les émotions, les sensations kinesthésiques ainsi que les perceptions viscérales toutes à la fois. Ce senti dépasse la simple perception physiologique.


Message de Lorraine Loranger
Dans une société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent mieux le présent dans toute sa capacité. Ma pratique propose plusieurs ateliers pour la gestion de stress: apprivoiser le récit de vie, la communication non-verbale et prochainement la relaxation sensorielle avec 16 thèmes différents sont parmi les plus utiles. Des conférences sur la gestion de stress sont disponibles sur demande.

Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.

Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir  pour prendre en charge votre destinée.

Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en transférant ce communiqué à vos contacts.








1 commentaire:

  1. Madame Loranger,

    Le moment est venu pour vous raconter une historie très similaire à celle de cette femme: la mienne. Ma parenté habite la Californie, je doute qu'on y lise vos articles. Je vais m'en tenir à l'essentiel pour dire que les abus ont duré 10 ans, alors vous voyez que j'étais très jeune. Il s'agissait du frère de ma mère qui est venu un jour habiter avec nous. Je ne l'ai pas dit parce que pendant longtemps j'ai crû que je l'avais invité à me faire des attouchements et ensuite tout le reste. Il me sortait de mon lit de bébé et ma mère pensait qu'il s'occupait bien de moi. Quand nous avions de la visite, elle en parlait avec tellement de coeur. Elle éprouvait de la gratitude envers lui qui a ruiné ma vie. Il est mort maintenant mais je n'arrive pas à le lui pardonner.

    Elle m'a mise en danger parce qu'elle avait besoin d'aide. Je suis plus forte aujourd'hui, mais je n'ai pas eu d'enfant. C'est un choix!

    Je ne voudrais faire vivre ça à personne. Autrefois, je me suis jointe à un groupe de travail. Maintenant, je vis mon histoire plus sereinement. Peut-on vraiment en guérir?

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