jeudi 20 juin 2013

Les ornières des règles familiales pour garder un secret de famille

Les règles familiales sont très importantes pour perpétuer un secret
Les règles familiales se révèlent très importantes pour perpétuer un secret. C'est une expérience qui amène les différents membres de la famille à redéfinir leur place et leur rôle dans la famille pour le garder le plus intact possible. Les non-dits abondent et comme il sera démontré avec des histoires vécues, le conflit émotif est à l'origine du malaise et ce qu'il faut cacher. Les symptômes physiques et/ou émotionnels indiquent les blocages émotifs.

La personne qui fait une démarche désire souvent recadrer son expérience du passé: comprendre son histoire, comprendre ses choix à partir de celle-ci, et démystifier ses ancrages familiaux.

Changer pour exister autrement demain
Le changement et l’atteinte d’objectifs sérieux ne se font pas sans un engagement ferme, mais quand le terrain est finalement nettoyé, on a beaucoup d'obstacles pour le mettre de l'avant. L'engagement et la réussite du changement fait la promotion d'une confiance retrouvée, redonne du sens à l'individu en rendant accessible ses ressources naturelles qui sont les clés du succès pour un changement durable.

Une jeune cliente se fait manipuler par son conjoint: il se dit l'expert pour élever leurs enfants, donc, elle ne doit rien dire et ne doit pas intervenir. Au fil des ans, ces deux jeunes gens ont développé des fonctionnements qui la privent de ses droits parentaux. Plus elle devient lucide, plus il lui fait la vie dure, ce qui fait que pour endurer sans tout casser, elle prend des antidépresseurs puissants. C'est comme dire: " Je prends la médication pour ne pas dire, pour continuer à endurer ce qui ne fonctionne plus". 

Les règles empêchent le développement des capacités d'adaptation
La plupart du temps, cela inclut de ne pas poser de questions, de vivre le plus possible dans le présent et de croire ce qui est dit et accepté par les autres membres de la famille.

Les injonctions familiales seront confrontées à plusieurs systèmes 
Ces injonctions familiales dépassent habituellement largement le cadre du secret. Le travail, le système scolaire, le système de santé, le culte ou la religion et les valeurs sociales en général confronteront les familles à secrets à des dilemmes particuliers.

La famille est un organisme dynamique
L’organisme dynamique qu’est la famille vit les valeurs de sa communauté et de sa société. Comme organisme, la famille éprouve le poids des institutions sur ses origines familiales; les impacts de celles-ci se font sentir au moment d’un traumatisme, d'un mariage, d'une adoption, d'un baptême, ou d’une sortie définitive telle une séparation, un divorce, un décès.

Le poids des institutions se fait sentir
Une famille québécoise l’a réalisé lorsque l’enfant inuit qu’elle avait pris en charge fut d’âge scolaire. L’enfant n’avait pas été adopté et la loi voulait que l’enfant soit scolarisé parmi les siens. Ces faits causèrent tout un remous. Ces parents avaient décidé de garder secrètement l’enfant.

Pour scolariser l’enfant, ils ont dû se résoudre à révéler les origines de l’enfant et faire des démarches légales pour une adoption en règle où l’enfant adopté cessa d’appartenir à sa famille d’origine. En ce sens, l’adoption plénière constitua donc une fiction juridique selon laquelle l’enfant adopté acquérait le même statut juridique que s’il était le fils ou la fille biologique des adoptants. N’eusse été cette possibilité, ils auraient eu à cacher cette petite, à la scolariser à la maison et mettre en place tout un système pour que le secret soit gardé.

Vivre à l'intérieur du secret confine la communication
On peut deviner que vivre à l’intérieur d’un secret comme celui-là risque d’altérer non seulement les comportements de tous et chacun mais également l’identité de l’enfant. D'autres mensonges auraient surgi pour couvrir les premiers et brouiller les pistes. Tous ces mensonges et non-dits auraient déteints sur la confiance en soi de la petite. Comment faire confiance à ses perceptions puisque cela aurait également créé une distance entre ses sentiments et ses émotions.

Le secret imposé déforme les rapports aux autres
Le secret imposé déforme les rapports aux autres. Le secret que l’on accepte peut même donner un certain pouvoir. Anny-Ella est la seule qui sache que sa mère est toxicomane. « Cela me donne un certain pouvoir sur elle et notre rapport de force est inversé. En tout temps, je peux tout obtenir de ma mère, tant et aussi longtemps que je garde le silence face à mes deux frères plus jeunes ».

L'angoisse est ressentie par celui qui est dans le secret et par celui qui en est exclu
Vivre à l’extérieur du secret engendre une tension particulière. L’angoisse est ressentie car il y a un effort fourni pour tout contrôler par celui qui cache quelque chose. Celui qui en est exclu sent bien qu'on lui cache quelque chose et il se fabrique toutes sortes d'explications toutes plus farfelues que la vérité.

Quand la parole fait défaut, les maux prennent le relais
Malheureusement pour tous, le secret paralyse et change les rapports avec les autres. La spontanéité, la souplesse, l’abandon et la capacité à changer et à s’épanouir se trouvent entravés car on doit dépenser une énergie incroyable pour empêcher le secret de sortir du sac.

La dissimulation, centrale au secret, désoriente et empêche les relations sincères. Elle fait douter de ses perceptions et plonge tous ceux qui l’ignorent dans un déséquilibre. Le manque de cohésion entre ceux qui savent et ceux qui ignorent influent sur les aspects privés de la vie courante.

La manipulation sur Jules entre 6 et 10 ans alors que son oncle l’abuse sexuellement régulièrement s’inscrit dans la peur que sa famille éclate. Quand on découvre le secret, au lieu d’y faire face, les parents de Jules décident de déménager. Confus et blessé, Jules se sent coupable de la séparation entre la famille de son oncle et la sienne. C’est exactement pour ça qu’il n’en a pas parlé.

L'incapacité de réagir est liée au manque de transparence
Pendant des années, cette situation l’empêche même de demander de l’aide. Le stress émotionnel qui l’habite en tout temps le met dans l’incapacité de réagir. Une maladie de peau qui récidive à tout coup amène Jules dans mon bureau. La honte imprègne Jules de manière palpable. Il poursuivra son oncle après sa thérapie.

La distinction entre le secret et l’intimité
Pendant toutes ces années, l’oncle ne subissant que peu le contrecoup du déménagement de son frère niera les actes et gestes commis sur son neveu pour ensuite se défendre en invoquant « sa vie privée »,  une espèce de passe-droit brouillant la distinction entre le secret et l’intimité. Quand les événements prennent place dans la famille, le secret sépare et la honte le perpétue.


Une atmosphère distante en voie d'être résolue
Le secret au cœur de sa relation à ses parents a marqué la fin de sa confiance envers eux et une atmosphère de distance s’est établie. Quand il quitte le domicile parental, les liens sont ténus. Trois rencontres dans mon bureau permettent à la famille d’amorcer un dialogue pour une reconstruction basée sur la communication vraie entre Jules et ses parents.

Les sauvegardes des rituels familiaux sont brisées ou perdues 
Des événements importants qui introduisent des changements au sein de la famille tendent à modifier son répertoire de comportements. Tout événement a la capacité de causer un juste déséquilibre auquel s’ajoute pour la famille le besoin de se réinventer. Quand tout se déroule normalement les changements s’opèrent au fil du temps permettant à chacun de s’ajuster. Mais quand le secret concerne une entrée ou une sortie dans une famille, les sauvegardes des rituels familiaux sont bousculées et les membres perdent leurs repères reliés au passé. Le silence sur un événement comme un suicide ou un accident tragique fige la plupart des individus dans une étape conjuguant détresse et stress post-traumatique.

Des parents éplorés font disparaître les traces de l'enfant décédée
C’est le cas d’Alex. Sarah, sa sœur, avait 10 ans quand elle s’est noyée dans le lac sur la terre de son père. Les parents éplorés font vite disparaître tout ce qui leur rappelle la souffrance de la perte. Alex naît deux ans après l’événement.  Ses parents et le frère aîné ne lui parlent jamais de l’existence de sa sœur décédée. La famille d’Alex est amorphe. Alex est encore tout petit et il trouve le moyen de se faire inviter par les parents de ses petits amis.

L'histoire aurait pu se répéter
Quand Alex a dix ans, ses parents l’avisent qu’ils ne célébreront plus ses anniversaires, qu’il est temps pour lui de montrer un peu de maturité. Choqué, Alex invite ses amis au bord du lac.

L’histoire aurait pu se répéter. À dix ans, Alex, révolté, rentre aux petites heures du matin. Ses parents inquiets ont veillé toute la nuit. La tension qui l’attend à son retour concourt au dévoilement du secret. C’est la première fois qu’on lui parle de Sarah et de leur peur de le perdre lui aussi. Alex s’explique alors la morne atmosphère de sa famille, la dépression latente de sa mère et la surveillance exagérée de son frère aîné. De multiples contextes ont des répercussions ahurissantes sur les familles.

La thérapie du tunnel ne cherche pas à résoudre les secrets de famille à moins que la personne veuille faire cette démarche, mais elle porte plutôt sur les impasses, dans l’expression des conflits intérieurs, lesquelles peuvent être exprimées et dénouées pour un retour à une saine estime de soi.

Message de Lorraine Loranger
Dans une société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent mieux le présent dans toute sa capacité. Ma pratique propose plusieurs ateliers pour la gestion de stress: apprivoiser le récit de vie, la communication non-verbale et prochainement la relaxation sensorielle avec 16 thèmes différents sont parmi les plus utiles. Des conférences sur la gestion de stress sont disponibles sur demande.

Commencez chaque journée comme étant une nouvelle journée, trouvez votre destinée, croyez en qui vous êtes et en qui vous voulez devenir.

Créez la vie que vous désirez. Commencez votre trajet avec une démarche puissante en possibilités...celle d’une nouvelle vie…la vie que vous voulez…retrouvez votre pouvoir  pour prendre en charge votre destinée. 

Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en transférant ce communiqué à vos contacts intéressés.

4 commentaires:

  1. Bonsoir,
    Je veux réagir maintenant car ce texte me confronte beaucoup à mon histoire. J'ai toujours pensé que moins on en disait à nos enfants moins ils seraient poignés avec notre passé. Vous dites le contraire.
    Or, nous, mon mari et moi, avons trois enfants: l'un est TED et le plus jeune est TDAH. Mon mari et moi avons vécu beaucoup de violence alors que nous étions enfant et ados. Quand nous nous sommes rencontrés, nous avons fait un long cheminement et avons conclus ensemble d'enterrer le passé. Ni lui, ni moi ne voyons nos familles. Nous avons fait une croix en nous en éloignant pour de bon.
    Nous nous sentions à l'abri, là, je me pose des questions. Les enfants ne savent rien de ce passé minable et nous leur donnons tout l'amour dont nous sommes capables, des fois peut être même un peu trop. Comme nous avons vécu l'enfer, nous faisons très attention. Serions-nous dans l'erreur en ce qui concerne la révélation de notre passé de violence?
    Merci de me répondre. Juliette

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    1. Juliette,

      Je comprends que vous avez voulu épargner vos enfants les histoires de vos enfances respectives. Toutefois, ils doivent pouvoir comprendre leur histoire à travers les vôtres. Là, ils sont un peu comme des "free-floating satellites" en orbite, bien seuls dans cet univers qui les entoure. Écoutez Serge Tisseron http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2011/CBF/LapresmidiPorteConseil201112211408_2.asx

      Lire aussi: http://aunomdelasante.blogspot.ca/2012/07/on-ne-nait-pas-violent-on-le-devient.html

      À mon avis, il est probablement mieux de raconter que de taire ce que vous avez vécu. C'est à vous d'évaluer ce que vous devez révéler et quand plutôt que de voir l'histoire se répéter en dehors de toute connaissance (pour eux).

      Tenez-moi au courant et merci d'avoir partagé!

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  2. Bonjour Madame Loranger,
    Je suis Annette, je viens d'une famille de 6 enfants. Jeunes, nous avons été placés dans différentes familles. Or, il se trouve que plusieurs d'entre nous ne savions pas où étaient les autres enfants. Mes parents d'accueil m'ont traité comme leur fille et je n'ai su qu'à l'âge de 24 ans que ma vraie famille me recherchait. Quand je grandissais, je me posais bien des questions sur non seulement mes traits physiques, mais aussi sur mon caractère. J'aime ma famille d'accueil, mais je leur en veux car j'ai souvent pensé que quelque chose ne fonctionnait pas avec moi, j'étais tellement différente. Je me serais évitée bien des remises en question car je vois avec le temps que j'avais un autre profil que celui de ma nouvelle famille. Je me garde bien de faire la morale â quiconque mais je me promets de ne pas mentir à mes enfants dans toute circonstance,

    J'ai aussi lu l'article "On ne naît pas violent, on le devient" (09-07-13). Un de mes frères a eu un vécu de violence et c'est un enragé. J'étais trop petite pour me rappeler mais mes autres frères et soeurs disent que sa vie l'a changé. Ils le comprennent même quand ils ne sont pas d'accord avec ses comportements.

    Merci pour votre blog,

    Annette

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  3. Pendant mon enfance, je crois que je ne me suis pas occupée des règles dans ma famille, mais au fil du temps, je me suis rendue compte que l'on admirait différents membres de ma famille pour telle ou telle capacité. Seulement, c'était toujours en dehors du noyau familial. Nous, les enfants de Rita et Jack ne semblions jamais à la hauteur. Ça me blessait mais je n'arrivais pas à comprendre. Quand je me suis sauvée de la maison, j'ai senti le rejet de mes parents et je me suis faite à l'idée. Mais ce fut lourd à porter car je me sentais rejetée.

    Ma démarche m'a fait comprendre bien des choses sur mon passé, mais surtout, j'ai pu me pardonner bien des misères que je m'étais mise sur le dos. Je marche aujourd'hui la tête haute sachant que le manque d«'explications est une source de confusion. Je ne ferai pas ça à mes enfants car c'est les priver de faire des choix plus conscients. Merci pour l'accompagnement et pour ton écoute,

    Madeline J.

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